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Le Canard et les entreprises

26 décembre 2020 by

Avec le confinement, puis les vacances, je vous avais promis plus de lecture que d’habitude pour le mois de décembre. Voici quelques articles issus du Canard Enchainé, qui traitent d’économie, et plus spécifiquement de sociétés qui intéressent les investisseurs que nous sommes.

On commence l’année 2020 (20 janvier) avec un article détonnant sur Carlos Ghosn. On apprend que ses malheurs ne sont peut-être pas dûs, contrairement à ce que son entourage dit, à un acharnement des autorités japonaises. En effet, la SEC l’avait déjà condamné pour dissimulation de salaire :

Le 8 juillet, le Canard taille un autre costard à Ghosn, mais cette fois à propos de sa gestion de Renault :

Le 7 octobre, le journal aborde un sujet qui intéresse constamment les investisseurs : les liens entre l’État et certaines grandes sociétés.

Le 28 octobre, une vieille connaissance du journal a, une fois de plus, ses honneurs :


Le 11 novembre, ce sont carrément deux articles économiques que le Canard publie. Le premier porte sur Marc Ladreit de Lacharrière, que nous avions rencontré sur le blog à propos de Fimalac :

Le second évoque les turpitudes (voire les tricheries) de Facebook :

Terminons par une leçon d’économie. Les finances du Canard Enchainé apportent un démenti aux lieux communs médiatiques : à notre époque, un journal doit être sur internet pour vivre, il doit faire de la pub pour survivre, il doit toucher des aides de l’Etat, etc.  Rien de tout ça au Canard, pourtant ses comptes sont incroyables (23/11/20) :

Ce n’est pas détaillé ici, mais l’actif circulant est quasi entièrement constitué de cash. On a donc une société qui possède 6 fois son chiffre d’affaires en cash net. En cas de problème, elle pourrait tourner 6 ans sans recette… Existe-t’il une autre société avec un tel bilan ? Le compte de résultats est tout aussi exceptionnel : c’est la première fois en 105 années d’existence que le résultat affiche une perte (quasi nulle). La perte de 2019 est liée aux grèves chez Presstalis, puis à sa faillite. Le Canard a du absorber une partie des dettes du distributeur de presse français. En situation standard, la marge nette se situe plutôt entre 5 et 10 %. Pour afficher une telle santé, il faut sûrement embaucher à l’étranger et payer au lance-pierre ? Pas du tout : les journalistes du Canard sont très bien rémunérés. Alors, c’est que le journal à un pricing-power incroyable. Difficile à dire, le tarif de vente n’ayant pas augmenté depuis… 27 ans ! Enfin, le journal est évidemment propriétaire de ses murs, et ses seuls actionnaires sont ses salariés. Bref, un véritable défi aux rengaines économiques.

Terminons pas un petit trait d’humour dans le style propre au journal satirique, et notamment à un de ses dessinateurs principaux, Lefred-Thouron :

(21 mars 2018)

 

En espérant vous avoir divertis pour la fin d’année.

JL – 26 décembre 2020.

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5 Responses to Le Canard et les entreprises

  1. PoliticalAnimal

    Je connais dans la vie réelle certains d’entre vous. J’ai été abonné au Canard pendant 10 ans. Je connais le fait que pas de pub toussa toussa. Le Canard est nécessaire mais c’est LOIN d’être parole d’évangile. Voilà pour les précautions oratoires que l’on ne me jette pas des…

    Et maintenant l’information selon moi : le Canard est CATASTROPHIQUE quand il s’agit des entreprises avec un taux d’erreur bien supérieur à un simple canard régional et bien supérieur au FT oy aux Échos. Pourquoi ? Car c’est tjs à charge et que très très souvent ils ne daignent même pas appeler le service presse. Du coup, ils disent souvent de (grosses) bêtises au milieu de quelques vérités et ils ne font même pas le travail de base de journaliste d’appeler les deux parties.

    Je garde en MP (et à commencer par ce cher JeromeLeivrek il me contacter à s’il le veut 😉 de multiples exemples édifiants du biais systémique et systématique du canard anti-entreprises dont certains où ils ont quand même fini par admettre leurs erreur… (et je ne parle même pas de leurs incompréhensions de certains mécanismes boursiers…).

    Joyeuses fêtes à tous !

  2. chris

    Ce poil à gratter nécessaire n’est pas vraiment impartial en particulier dans le domaine éco (mais ni plus ni moins que d’autres journaux). Il reçoit quand même (comme d’autres) environ 500 000 euros d’aide à la distribution qui sont versées à la Poste. C’est donc une subvention indirecte payée par le contribuable.

  3. Oscar

    Merci pour cet article. Concernant le bilan du Canard, le cash s’empile au bilan depuis des années, avec pour résultat une rentabilité des CP de 1% si on regarde le bilan 2018. Grosso modo, c’est le livret A. En tant qu’investisseur, investisseriez-vous là dedans? Sur un plan purement financier, on peut se poser la question de reverser des dividendes aux salariés actionnaires, cash qui pourrait être employé ailleurs, dans d’autres projets.

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