Le tableau de Pierre Brueghel l’ancien (~1525-1569), intitulé Le triomphe de la mort (1562), est une allégorie de la mort qui illustre bien la terreur qu’elle pouvait (ou peut) inspirer. Elle semble dire que personne n’échappe à la mort. Pas le peuple, encerclé par des hordes de squelettes, pas les amoureux, ni même les cardinaux ou les rois. Certains historiens pensent que les grandes pandémies ne sont pas pour rien dans cette terreur. Il y eu, parmi bien d’autres, la grande peste médiévale appelée peste noire. Elle a tué la proportion, à peine imaginable, de 30 à 50 % des Européens en cinq ans (1347-1352). Plus près de nous, qui se souvient de la “grippe de Hong-Kong” de 1968, beaucoup moins meurtrière bien sûr, mais qui a tué 30 000 personnes en France ? Sans parler du sida. Sous peine de lasser, on ne peut pas énumérer toutes les pandémies auxquelles a eu à faire face l’humanité, même en se restreignant à l’époque moderne.
Avec un taux de mortalité des personnes atteintes mal connu mais probablement de quelques pour-cent, le nouveau coronavirus ne se range donc pas dans la catégorie des pires fléaux. Avec ses 70 000 morts chaque année en France, et sauf surprise, le tabac, restera un fléau bien pire et… coté en bourse. Ce qui justifie pour l’instant l’ampleur des mesures prises et l’emballement médiatique est l’incertitude dans laquelle on se trouve sur l’ampleur de la propagation possible. Quand on aura un peu plus de données à ce sujet, et à mon avis cela arrivera vite, le bruit, et surtout la bourse, se calmera. Soyons clair, je ne dis pas que la crise ne sera pas grave, je dis qu’elle sera forcément limitée dans le temps.
L’idéal serait d’investir lorsque nous serons arrivés au maximum de la peur. Mais ce moment précis, on ne peut le connaître qu’à posteriori (si quelqu’un prétend le contraire, arrêtez définitivement de l’écouter). Et il ne sert pas à grand-chose de lire les forums boursiers pour essayer de deviner l’évolution de la pandémie : épidémiologiste est un vrai métier.
La seule chose que l’on puisse faire est donc :
- investir progressivement au cours de la baisse,
- investir encore et toujours dans les sociétés que l’on pense être décotées,
- investir proportionnellement à la décote estimée.
Rien de bien nouveau.
Fidèle à ces préceptes, j’ai réalisé les achats/renforcements suivants entre les 2 et 4 mars, chaque ligne pour environ 1 % du portefeuille :
- Odet à 666 € (ce cours me plaisait bien). Le groupe vaut probablement le double ou le triple.
- Stef à 72 €. EV/EBITDA ~ 6, propriétaire de son immobilier.
- Akwel à 14,66 €. EV/EBITDA entre 2 et 3.
- Media 6 à 9,8 €. EV/EBITDA ~ 2, P/FCF ~ 10.
- Renault à 25,42 €. Le groupe vaut probablement le double ou le triple.
Juste avant, j’avais procédé à deux ventes afin de libérer un peu de cash :
- Batla Minerals. Vendu les 2/3 de ma position. Ce n’est pas que je n’y crois plus, mais l’action a fait +30 %, et c’est un arbitrage dans un marché baissier. De plus l’actionnaire majoritaire n’inspire guère confiance, donc nous ne sommes pas dans le cas d’un investissement sans risque. PV = +21 % en 9 mois.
- Corridor Ressources. Vente du reste de la position à 1,21 $. Raisons à peu près identiques. PV = +100 % en un peu plus de 2 ans.
Grace à deux emprunts réalisés en 2019, j’ai encore du cash à investir pour environ 20 % de mon portefeuille actuel.
Je vous souhaite un bon début de printemps et vous laisse sur cette considération rationnelle, lue sur le site de France Info : “si l’on proposait demain un vaccin contre le coronavirus 2019-nCoV, je suis convaincu que de très nombreux Français se feraient vacciner. Pourtant, il reste difficile de les convaincre de la nécessité d’une vaccination contre l’hépatite B ou le méningocoque. C’est un peu absurde.” Bruno Pozzetto, virologue au CHU de Saint-Etienne.
JL – 7-9 mars 2020.
NB, 9 mars, 9 h 30. Dernière minute. Ce matin, on peut parler d’un krach avec -30 % sur le pétrole et -8 % sur le CAC. Mais il faut garder en tête que l’on partait de très haut. J’ai placé quelques ordres d’achat.
Pas facile en ce moment. Pas facile quand on a des titres qui baissent et pas facile d’acheter car on se dit que c’est toujours trop tôt.
Pour le moment je procède à des arbritrages et investit petit a petit mon cash sur de jolies boites. J’ai repris du SCBSM notamment. Je garde les autres pour moi 😉
Bonjour,
Tu nous parles très fréquemment d’Odet. Une analyse est-elle prévue ?
Bonjour JDD,
Absolument pas, je n’ai jamais analysé la boite. Je fais confiance à quelques copains très bons qui me disent tous que ca vaut bien plus (entre min 1200 et 2000 €). Dans ce cas, position limitée !
Félicitations à vous Jerome pour avoir su garder vos corridor jusqu’au bout!
J’espère que ce problème sanitaire sera vite réglé et que la chasse à la décote repartira de plus belle après.
Merci pour ce billet 😉