ibm-markI-1943Ça ne nous rajeunit pas… Car l’ordinateur ne date pas d’hier. Un des tous premiers fut le Mark I d’IBM, ici en photo, en 1943. Il mesurait 2,5 mètres de haut pour 17 mètres de long. Il était énorme et calculait probablement moins vite que nos téléphones actuels. Ensuite, je me rappelle, en 1980 au collège, nous avions un ordinateur, sur lequel nous faisions des calculs pendant les cours de maths. Il avait la taille d’une armoire. Quelques années plus tard, en 1985, les ordinateurs s’étaient fait individuels et avaient la taille des gros portables actuels : les lycées en avaient (les Thomson TO7) et nous programmions déjà.

Plus ils rapetissent, plus ils calculent beaucoup et vite. C’est un peu la même relation inverse pour mes analyses : plus la société est petite et simple,  plus j’ai envie de pousser l’analyse, plus elle est grosse et plus j’ai envie de m’en remettre à d’autres.

Pour IBM, je viens de sauter le pas : j’ai acheté pour 1 % de mon portefeuille quelques actions à 133,33 $ (ne faisant pas d’analyse technique, je ne sais jamais quel cours d’achat exact choisir, donc je prends un chiffre rond, ou répétitif, ou un multiple d’un cours de référence…). J’ai fait cet achat après avoir passé une ou deux heures, en cumulé sur plusieurs mois, à lire des analyses ici et là, puis à peine un quart d’heure à compiler quelques données. En cela, comme Boris dans son dernier article, il m’arrive de penser qu’il n’est nul besoin de suer beaucoup pour s’enrichir en bourse.

L’essentiel est dit dans le titre : il s’agit d’un nouvel investissement gourou. Warren Buffet en a fait ni plus ni moins que la 3e ligne de Berkshire Hathaway. On sait donc qu’il y croit ((Edward Lampert avait également commencé à en acheter fin 2014 puis il a tout revendu quelques mois plus tard.)). Mieux, il a constitué une bonne partie de cette ligne à un cours compris en 180 et 200 $. L’idée ici est donc qu’il y a peu de chance de commettre une erreur en l’achetant 30 % moins cher.

Au niveau financier, regardons en deux mots de quoi il retourne. Voilà ce que j’ai compilé comme chiffres bénéficiaires :

Année 2015 2014 2013 2012 2011 2010
Nombre d’actions 970 991 1054 1117 1163 1228
BNPA 12,0 12,1 15,7 14,9 13,6 12,1
FCF/action 12,4 14,0 9,7 9,5 13,3 9,0

Le nombre d’actions est en million. BNPA = bénéfice net par action, FCF = Free Cash Flow : ces deux chiffres sont en $ US. Pour 2015, j’ai pris les totaux sur 9 mois que j’ai annualisés en multipliant par 4/3.

Pendant ce temps, le chiffre d’affaire continuant de s’éroder, le marché ne croit plus en Big Blue, et le cours a perdu 30 % en un ou deux ans. Pourtant on constate que, depuis plusieurs années, les bénéfices par action sont restés grosso-modo constants. Au cours actuel nous avons un P/E et un P/FCF de l’ordre de 11. Les prévisions de bénéfice selon IBM et le consensus pour 2015 sont de l’ordre de 15 $ (le 4e trimestre est usuellement bien meilleur), ce qui mènerait à un P/E de 9.

A noter enfin qu’IBM rachète ses actions à bonne vitesse : 25 % en 4 ans. Elle verse aussi un dividende de 4 $ actuellement (mais ça, ce n’est pas forcément une bonne nouvelle, je préférerais que ce cash soit attribué au rachat d’actions).

Si le CA se stabilise, IBM redeviendra une cash machine prévisible : dans ce cas un retour du cours à 200 $ ne serait pas très cher payé. Ajoutons à cela, que si la société rachète encore 25 % de ses actions, cette valorisation correspondrait à 260 $ l’action.

En conclusion, nous voilà propriétaire d’une business machine à générer du cash que nous payons 9 fois les bénéfices et le FCF, qui met en oeuvre un programme de rachat d’actions et qui est la 3e ligne du gourou-en-chef. Avec cet achat il y a peu de chance de multiplier son capital par 5 rapidement, mais il y aussi peu de chance de perdre de l’argent et il y a un potentiel de hausse non négligeable.

JL – 22 novembre 2015.

Mes remerciements à tous ceux qui ont écrit des analyses sur IBM : Wawawoum, IF, Barrage Capital et tous les intervenants de la file dédiée sur l’IH.

Mise à jour

J’ai revendu mes titres IBM avec une petite plus-value de + 15,5 % en dollars et de +11,6 % en euros en 10 mois. Le BNPA était d’environ 15 $ quand je l’ai acheté, soit un PER de 9, alors que sur les 6 derniers mois le BNPA annualisé est de 10 $, soit un PER de 15. Ce n’est plus donné, et je ne sais pas prévoir le futur de cette entreprise.

JL – septembre 2016, rédigé en février 2017

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