Cette fois, il y a eu un peu d’agitation sur les marchés et la performance a fait de sacrés yoyos. Finalement, sur le mois elle est négative à -2,4 % et depuis le début de l’année elle ressort à +20,38 %, toujours nettement supérieure à tous mes comparables. L’évènement du mois est l’emprunt lancé par Sears Holdings.
▣ Mouvements de portefeuille
L’activité du portefeuille a été de nouveau faible ce mois :
- Banques françaises. J’ai vendu mes lignes des caisses régionales du crédit agricole (Nord de France et Morbihan) et CIC afin d’acheter une autre valeur (ordre en cours) dont j’espère pouvoir vous parler bientôt. Ces 3 lignes étaient peut-être encore décotées mais je n’avais pas de cash sur mon PEA. La PV sur ces ventes est de 46 %, 47 % et 71 % respectivement, en 2 ans.
- Sears Canada. J’ai vendu mes droits Sears Canada-SHLD, pour une somme assez symbolique.
- Lands End. J’ai continué à vendre une partie de la ligne autour de 46 $ afin de pouvoir participer à l’emprunt-recapitalisation de SHLD.
Une opération sur le titre Sears Holdings est donc en cours. Le CEO a lancé un emprunt-recapitalisation à destination des actionnaires. Voici les termes et les conséquences de cette opération.
- Les actionnaires enregistrés en date du 30 octobre recevront, à partir du lendemain, pour chaque tranche de 85,1872 actions SHLD détenues, un droit coté qu’ils pourront vendre sur le marché ou exercer (( Le prospectus complet est ici )).
- L’exercice d’un droit permettra d’acheter pour 500 $ le lot suivant :
– une dette de 500 $ à 8 %, terme 15 décembre 2019,
– 17,5994 warrants de strike 28,41 $, même terme.
Chaque warrant sera convertible en une action SHLD n’importe quand durant les 5 prochaines années. Les droits (ticker SHLDZ) et les warrants (SHLDW) seront négociables sur le NASDAQ, pas la dette. Les droits seront négociables du 31 octobre au 13 novembre. - Cette opération me semble être une excellente façon pour le groupe d’obtenir du cash à un taux intéressant pour une société mal notée et sans léser l’actionnaire. Le prêt est donc une aide de l’actionnaire envers la société mais avec en plus l’attribution d’un jackpot potentiel, les warrants, si la société se redresse. Finalement, la dette à 8 % m’intéressant assez peu, je vois surtout cela comme l’obtention d’un warrant en échange du fait que je consens un prêt pendant 5 ans. Cela nous change des augmentations de capital usuelles par émission d’actions. Je comprendrais que les actionnaires de Peugeot soient jaloux du mécanisme. :-)
- Ajoutons quelques précisions :
– les actionnaires pourront sursouscrire, c’est-à-dire qu’ils pourront demander à bénéficier des droits non exercés par les autres actionnaires,
– tout le monde pourra aussi acheter des droits sur le marché,
– tout le monde pourra acheter des warrants sur le marché,
– ce genre d’opération est mal (ou pas) gérée par les courtiers français. Binck a déjà prévenu qu’ils n’hébergeaient pas les titres non cotés… Personnellement j’ai transféré tous mes titres SHLD du compte Binck vers le compte Lynx par des achats-ventes simultanés,
– enfin, une astuce, que j’aurais dû utiliser si j’y avais pensé plus tôt ( !) et qui utilise le même procédé : si vous avez un compte chez IB/Lynx, pour profiter de vos droits, plutôt que de transférer les actions il vous suffit de transférer les droits sur votre compte IB/Lynx : il faut pour cela procéder à un achat-vente simultané sur les deux comptes à un prix intermédiaire entre le bid et le ask (ou au prix instantané donné par Google finance si comme moi vous n’êtes pas abonné aux cours en temps réel). Si le titre est peu liquide cela ne devrait pas poser de problème. Il y a aussi la possibilité de passer les ordres au marché avant l’ouverture ; à part cas de titre extrêmement peu liquide où il n’y aurait pas de contrepartie (à vérifier), l’achat-vente au même prix est assuré (( Merci à Thomas d’avoir donné cette astuce. )). - Combien vaut un droit ? Je n’en sais rien mais je peux dire quelque chose sur le prix minimal connaissant le cours de SHLD. Chacun de ces trois termes a son importance : je parle bien de prix et non de valeur, de prix minimal et non de prix effectif, tout cela dépendant du cours du sous-jacent. Je dirais que le prix minimal d’un warrant est le cours actuel de SHLD, 34,92 $ hier soir en clôture, moins le strike, soit 10,11 $. En supposant que 500 $ de dette vaut 500 $, le prix minimal du droit SHLDZ serait donc de 177,92 $ (10,11 x 17,5994), soit 2,1 $ la fraction de droit par action SHLD. Ceci correspond grosso-modo au cours de clôture du droit hier soir, de 175 $, qui revient à payer un warrant 9,94 $ (175 / 17,5994).
- Pour ceux qui sont chez Lynx, afin de choisir ce que vous faites de vos droits, il faut aller sur votre interface d’administration LynxAdmin, dans Aide, Outils, Opérations sur titre, Details/allocate.
▣ Performance
Évolution de la part en octobre : -2,4 %. Depuis le début de l’été, la plupart des small caps ont bien baissé. La remontée de Sears Holdings n’a pas compensé complètement la poursuite de cette baisse. Depuis le début l’année, la part est à +20,38 %, mon comparable le plus proche est le S&P 500 avec +9,2 %.
▣ Nouvelles du blog et des sociétés
Il y a eu trois nouveaux articles sur le blog en octobre :
- j’ai publié le 3e et avant-dernier résumé du livre de Peter Lynch.
- auparavant, il y a eu un article à la fois dans les rubriques stratégie et analyses : l’explication de l’investissement gourou tel que je l’expérimente.
- un commentaire de livre, un des deux ouvrages de Graham traduit en français, l’interprétation des états financiers.
Dans la rubrique “Analyses”, vous pourrez allez lire la mise à jour de Gencor pour le T3-2014.
▣ Pause artistique
Le mois dernier, je vous avais parlé de quatre tableaux de primitifs flamands se ressemblant beaucoup : un de Petrus Christus, un de Quentin Metsys et deux de Marinus van Reymerswaele :
Et je vous avais promis de vous reparler de peseurs d’or. Je ne croyais pas le faire si tôt : figurez-vous qu’une troisième oeuvre de Reymerswaele m’avait échappée, preuve qu’en art comme en investissement, en cherchant bien, on tombe parfois sur une pépite oubliée au premier passage. Il s’agit du tableau que vous voyez en haut de cet article, intitulée L’échevin et sa femme, antérieur aux deux autres. Si ces oeuvres sont similaires, remarquons que celle de Metsys porte plus de symboles spirituels : son tableau nous invite à penser la dualité entre le monde spirituel (livre d’heures ouvert de madame) et le monde matériel (l’argent manipulé par monsieur), et donne à voir une croix formée par la fenêtre se reflétant dans le miroir. Chez Reymerswaele, dans L’échevin et sa femme, celle-ci ne lit plus un livre de prière mais un livre de comptes ! Assiste-t-on à la naissance du capitalisme, comme certains le prétendent ?
Pour ceux qui habitent aux environs de Nantes, cette oeuvre de Reymerswaele se trouve au musée des beaux arts de la ville.
▣ A venir sur le blog
- la fin du livre de Lynch,
- le compte-rendu de lecture d’un livre,
- et… nous verrons.
Bon mois de novembre à tous.
JL – le 1er novembre 2014.