Après une incursion dans une activité amusante, avec Xilam, je reviens aujourd’hui dans un secteur pas vraiment glamour. Des gros panneaux de 4×3 m comme cadre de vie, hum hum. Par contre le potentiel boursier de cette société me semble possiblement important.
Présentation
Prismaflex International (ALPRI) est un groupe français proposant des supports d’affichage de tout type : panneaux urbains à affiches, panneaux lumineux, abri-bus, colonnes urbaines, panneaux d’intérieur posés ou suspendus… C’est donc à la fois un fabricant de panneaux publicitaires et un imprimeur numérique grand format. Ces deux activités représentent chacune près de la moitié du chiffre d’affaires. Présent commercialement dans plus de 120 pays, le groupe est implanté industriellement en France, Espagne, Royaume-Uni, Suède, Allemagne, Canada, USA et Afrique du Sud.
J’ai redécouvert cette société un peu tard, vers mi-décembre, et n’ai commencé à acheter des actions que quand le cours avait déjà quasiment doublé depuis ses plus bas, soit à 13 euros, cours de référence de l’article.
Actionnariat
La société a été créée en 1988. Le PDG et le DG actuels, Pierre-Henry Bassouls et Philippe Delmotte, en sont les deux fondateurs. Les actionnaires principaux sont :
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Financière JPN Fixations [Bassouls et Delmotte] 29,55%
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CM-CIC Investissement 14,35%
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Famille Villa 10,58%
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Autocontrôle 5,34%.
J’aime cette situation où les dirigeants ont une forte participation mais ne sont pas majoritaires.
Pour être tout à fait complet, remarquons que le PDG a vendu des actions de mi-avril à septembre 2016. Entre août et septembre 2016, il en a notamment vendu environ 7000. Mais, comme le faisait remarquer Peter Lynch, il ne faut pas s’inquiéter des ventes des dirigeants. On l’a bien vu en 2016, avec le PDG de Xilam qui a vendu des actions à 4 € avant que le cours ne monte à 13 € maintenant. Cette nouvelle avait failli me faire alléger ma position et je me suis ravisé.
Quelques exemples de panneaux fabriqués par Prismaflex.
Les états financiers
Le rapport pour l’exercice annuel clôturant fin septembre 2016 nous donne les indications suivantes sur le bilan :
- Actifs nets = 13 M€
- Actifs nets tangibles = 5,7 M€
- Actifs totaux = 38 M€
- Dette financière nette = 7 M€
- Nombre d’actions = 1,19 M
- Capitalisation = 15,5 M€ (à 13 € l’action)
- EV = 22,5 M€.
La capitalisation est supérieure aux capitaux propres. A 13 € l’action, il n’y a donc a priori pas de sous-évaluation du cours de bourse par rapport à la valeur du patrimoine. Par ailleurs la solvabilité est faible (CP/Actifs= 34%) mais on va voir que la dette est soutenable.
Le compte de résultats donne en effet :
- CA = 50 M€
- EBITDA = 2,5 M€
- Résultat net = -0,62 M€
- Cout annuel de la dette = 0,32 M€
- EV/EBITDA = 9
- Dette nette/EBITDA = 3
- EBITDA/Coût dette = 8.
En l’état actuel, le coût et le principal de la dette sont donc largement soutenables. La capitalisation est faible relativement au CA, seulement un tiers. En terme d’EV/EBITDA, la société n’est ni spécialement bon marché ni extrêmement chère. La société semble être en situation assez stable : sur les 5 dernières années, le CA est resté proche de 50 M€, avec un minimum à 47 et un maximum à 59.
Rien de très passionnant pour l’instant, ni dans un sens ni dans un autre. Si je me suis intéressé à Prismaflex, c’est en raison des dernières annonces.
Dernières annonces
Le 20 octobre, la société a annoncé un mauvais premier semestre, avec une perte de 1 M€. Cela a conduit la direction à la mise en place d’un plan d’économie. Surtout, l’annonce encourageante pour le groupe a porté sur son carnet de commandes. Majoritairement composé de commandes “cadres” (supports), il est en forte croissance et atteint 15,12 M€ à fin septembre contre 5,85 M€ un an plus tôt à la même période. Il bénéficie notamment d’une commande de panneaux leds d’un afficheur allemand de référence et d’une commande provenant de Russie. Source d’espoirs supplémentaires, c’est dans ce pays que va se dérouler la prochaine coupe du monde de football en 2018, et on voit bien les commandes potentielles que cela peut générer. Enfin, un partenariat avec Derichebourg a été conclu, qui permettra à Prismaflex, si j’ai bien compris, de répondre aux marchés publics plus directement.
Conséquence ?
Suite à ces déclarations et à la hausse du titre qui a suivi, j’ai essayé d’évaluer l’impact de commandes supplémentaires. J’ai commencé par me demander comment évoluent le résultat net et le FCF lorsque le CA varie.
Sur les 5 dernières années, on s’aperçoit que les charges sont à peu près constantes lorsque le CA évolue, sauf une ligne, les achats consommés. Conséquence : une variation de CA engendre une forte variation de résultat. Après avoir examiné les résultats sur 5 ans, il me semble que les paramètres de ces variations sont relativement stables. Le point d’équilibre (résultat net nul) se réalise pour un CA de 50 M€ environ. Et une variation de 9 M€ de CA autour de 50 M€ se traduit par une variation de 3 M€ du résultat net et de 2 M€ du FCF (toutefois, pour le FCF, la variabilité est forte).
Donc, si jamais le supplément de commandes se transforme en supplément de chiffre d’affaires sur un an (hypothèse bien sûr fausse mais qui donne un ordre de grandeur), par rapport à un chiffre moyen de 50 M€ (même s’il sera peut-être inférieur cette année), c’est-à-dire si le CA est de 60 M€ en 2017, alors on peut penser que le résultat net sera de 3,3 M€, soit un BNPA de 2,75 €. Avec un PER de 10, on arriverait à une valorisation de 25-30 €, soit un doublement par rapport à mon premier achat.
Conclusion
Cet achat n’a rien de mes investissements usuels deep value. Ici on est plutôt dans ce qu’on appelle en franglais, une recovery. Une société qui retrouve ses couleurs. Cela n’a rien de certain, mais semble bien parti. A l’heure actuelle, on ne peut pas savoir ce que vaudra Prismaflex dans un an (sa valeur, pas son cours de bourse), mais d’après le carnet de commandes, la tendance est bonne. Un achat légèrement spéculatif mais asymétrique.
Je détiens des actions ALPRI avec un PRU de 14 € 13 €.
Avertissement
Suite à l’incroyable performance de Xilam, certains investisseurs pourraient être tentés de me suivre aveuglément. Je le déconseille. Ayant moi-même subi des pertes importantes avec un telle stratégie, je sais de quoi je parle. En tout état de cause, quand je suis quelqu’un à l’aveugle, c’est maintenant sur des parts minimes de mon portefeuille.
JL – 10 janvier 2017.
Vente
J’avais oublié de le recopier ici, mais j’ai vendu mes actions à 16,68 € fin mars 2017. Ça avait monté vite, et c’était un poil spéculatif quand même sur la croissance du CA. PV = +28 % en 3 mois.
JL – octobre 2017.
9 Responses to Prismaflex, retour en croissance ?