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Peter Lynch, et si vous en saviez assez pour gagner en bourse – partie 2

26 septembre 2014 by

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Dans le premier article de la saga Peter Lynch je vous avais présenté le début du livre. Où il s’agissait surtout d’appréhender le marché et l’investisseur. Dans ce deuxième article, on aborde le début de la deuxième partie de l’ouvrage. On entre dans le vif du sujet : comment choisir ses actions.

DEUXIÈME PARTIE. TROUVER LES GAGNANTS [où l’on apprend à reconnaître une valeur gagnante]

Laissons Lynch faire la présentation : « Dans cette partie, nous allons montrer comment jouer un atout, comment dénicher les investissements les plus prometteurs, comment évaluer ce que l’on possède, et quel gain on peut espérer dans chacune des six différentes catégories d’actions. Nous évoquerons également les caractéristiques des sociétés à éviter à tous prix, l’importance des bénéfices sur le succès ou l’échec d’une action, les questions à poser pendant vos recherches, la meilleure façon de suivre les progrès d’une société, comment obtenir les faits et évaluer les repères les plus importants : les liquidités, l’endettement, le PER, la marge bénéficiaire, la valeur comptable, les dividendes, etc… »

Chapitre 6. Traquer les 10-baggers [les bonnes affaires sont près de chez soi]

Lynch nous avait déjà expliqué en introduction ce qu’est un bagger, une valeur qui voit sa valorisation multipliée par 10. : « Je crois que ce mot hautement technique a été emprunté au base-ball, où on n’excède pas le ‘4-bagger’ ou ‘home run’ (terme technique de base-ball). Dans mon domaine, un 4-bagger c’est bien, mais si vous avez déjà eu un 10-bagger dans votre portefeuille, vous savez combien c’est excitant. »

L’unique thèse de ce chapitre est : nous avons tous la possibilité de découvrir une entreprise intéressante avant les autres, par l’entremise de son travail, de ses loisirs, de ses achats au centre commercial etc : « peut-être êtes-vous professeur et le conseil de gestion de l’école vous a-t-il choisi pour expérimenter un nouvel appareil destiné à faire l’appel des élèves, avec un gain de temps inoui. ‘Qui fabrique ce truc ?’ sera ma première question. »

Chapitre 7. Je l’ai, Je l’ai ! Qu’est-ce que c’est ? [classer les actions]

Voilà un des chapitres fondamentaux. Une fois trouvé une entreprise intéressante il faut :

  • travailler : « Pour une raison mystérieuse, on a rendu l’analyse financière si ésotérique et technique que des consommateurs normalement prudents investissent leurs économies sur un caprice. Le même ménage qui aura passé un week-end entier à chercher les billets d’avion les moins chers pour Londres, achètera 500 actions KLM sans passer cinq minutes à regarder la société. »
  • estimer l’importance sur le compte de résultat de ‘tel produit qui fait un tabac sur le marché’.
  • regardez la taille de l’entreprise : « grosses sociétés, petits écarts » « Que General Electric double ou triple dans le proche avenir est mathématiquement impossible. GE est déjà tellement énorme qu’il représente presqu’un pour cent du PNB des Etats-Unis. Chaque fois que vous dépensez un dollar, GE récupère un penny. Pensez-y. […] Voici une compagnie parfaite – elle a fait des acquisitions sensées, réduit ses coûts, développé avec succès de nouveaux produits, elle s’est débarrassée de ses filiales boiteuses, a évité de peu de se faire piéger dans l’informatique – et pourtant le titre n’avance qu’à tout petits pas. Ce n’est pas la faute de GE. L’action ne peut faire autrement, elle est attachée à un mastodonte. »
  • classer l’action dans une des six catégories proposées par Lynch :

1. les valeurs à croissance lente. Il s’agit de grandes sociétés autrefois en croissance rapide mais qui ont atteint leur limite. « Vous ne trouverez pas dans mon portefeuille beaucoup de valeurs dont la croissance atteint 2, 3 ou 4 %, car si les sociétés n’avancent pas vite, leur cours ne risque pas de grimper vite. Si une entreprise s’enrichit grâce à la progression de ses bénéfices, pourquoi perdre du temps sur des limaces ? »

2. les piliers. Autrement dit les blue chips, comme Coca-Cola ou d’autres « mastodontes multi-milliardaires ». « Le graphique de Procter and Gamble n’est pas aussi plat que la carte du Delaware, mais ce n’est pas non plus l’Everest. Quand vous circulez parmi ces piliers, vous êtes dans les contreforts : une croissance annuelle de 10 à 12 % des bénéfices. […] J’en garde toujours dans mon portefeuille car elles offrent une bonne protection pendant les récessions et les périodes difficiles. […] Vous savez qu’ils ne feront pas faillite, qu’ils remonteront vite en estime et retrouveront leur valeur. »

3. les valeurs à croissance rapide. « Elles font partie de celles que je préfère : petites, agressives, de toutes jeunes entreprises qui caracolent au rythme de 20 à 25 % chaque année. Si votre choix est judicieux, c’est le royaume des 10 ou des 40-baggers, et pourquoi pas des 200-baggers. Dans un petit portefeuille, une ou deux comme celles-là peuvent faire une grande carrière. Une valeur à forte croissance ne doit pas forcément appartenir à un secteur à forte croissance. D’ailleurs, je préfère que cela ne soit pas le cas, vous le verrez au chapitre 8. Elle a seulement besoin de place pour se développer dans un secteur à faible croissance. […] Il y a beaucoup de risques dans ces valeurs, spécialement parmi les plus jeunes sociétés qui ont tendance à être trop zélées et insuffisamment financées. Si une société insuffisamment financée a des migraines, cela se termine au Chapitre 11 [loi US sur les faillites]. »

4. les cycliques. Ce sont celles qui suivent plus ou moins les cycles économiques, typiquement le secteur « automobile, aérien, les fabricants de pneus, les aciéries, les chimiques… Quand elles sont de grandes tailles, elles ne doivent pas être confondues avec les piliers ; d’autre part la difficulté ets bien sûr de détecter les retournements de cycles. « 

5. les redressements. On parle ici des sociétés qui ont failli mourir ou ont été en mauvaise posture. De telle titres peuvent être « un superbe redressement à jouer. Les valeurs redressées regagnent du terrain très rapidement. » « Mes actionnaires ont gagné beaucoup d’argent avec Chrysler. » « Inversement, il n’est pas facile de faire la liste des redressements qui ont échoué, sauf de mémoire, car l’existence de ces sociétés, aura été effacée des archives du Standard and Poor, des recueils de graphiques ou des dossiers des courtiers, et on n’en a jamais plus entendu parler. Je pourrais essayer de reconstituer la liste plutôt longue de ces redressements ratés que j’aurais tant voulu ne jamais acheter, mais cette seule idée me donne une migraine. En dépit de tout cela, un grand succès occasionnel rend cette catégorie de valeurs très excitante et de surcroît très rémunératrice. »

6. les jeux d’actifs. [C’est plus particulièrement ce type de société que Le projet Lynch aime dénicher car c’est souvent les plus simples à analyser (et nous vous avons promis des stratégies simples).] « ‘Un jeu d’actifs’ est une société assise sur un trésor dont vous connaissez l’existence mais que la foule de Wall Street n’a pas vu. Avec autant d’analystes et de raiders à l’affût, il semble impossible qu’il puisse exister des actifs que Wall Street n’ait pas remarqués, mais croyez-moi, il y en a. Un atout local vous sera d’une grande aide pour découvrir un jeu d’actifs. L’actif peut tout simplement prendre la forme d’importantes liquidités. C’est quelquefois de l’immobilier. Comme Pebble Beach, dont je vous ai déjà parlé. Voici comment : fin 1976, l’action valait 14 1/2 dollars ce qui, avec 1,7 million d’actions en circulation, représente une valeur de 25 millions de dollars. A peine trois ans plus tard (en mai 1979) Twentieth Century-Fox racheta Pebble Beach pour 72 millions de dollars, soit 42 1/2 dollars par action. Mieux, le lendemain, Twentieth Century vendit l’un des nombreux actifs de Pebble Beach, une carrière de gravier pour 30 millions de dollars. En d’autres termes, la carrière de gravier à elle seule valait plus que ce que les actionnaires avaient payé en 1976 pour toute la société. Ces investisseurs avaient eu le terrain adjacent, 2 700 acres dans la forêt de Bel Monte, et la péninsule de Monterey, des arbres de 300 ans d’âge, l’hôtel et deux parcours de golf… pour rien. » 

Attention les sociétés peuvent changer de catégorie. Quoiqu’il en soit, « ranger les actions en catégories sera la première étape de l’histoire. […] Le second stade consistera à la remplir des détails qui vous aideront à deviner comment elle tournera. »

Chapitre 8. L’action parfaite [les critères qui déterminent l’action parfaite]

On entre dans le vif du sujet ! Comment reconnaître une action parfaite ?

L’introduction nous plonge de suite dans l’ambiance : « Trouver l’histoire d’une action est beaucoup plus facile si vous comprenez son activité de base. C’est pourquoi je préfère investir dans les collants que dans les satellites de communication, ou dans les chaînes de motels que dans les fibres optiques. Plus c’est simple, plus j’aime. Si on me dit : ‘N’importe quel idiot pourrait diriger cette boîte’, cela me semble très positif, car il est probable qu’un jour ou l’autre, ce sera le cas. » La suite se divise en 13 critères. Comme elle est tout aussi drôle nous vous en livrons de large extraits :

1. La société a un nom sans intérêt, ou mieux, ridicule. « L’action parfaite devra être liée à une société parfaite, elle-même engagée dans une activité parfaitement simple qui devra avoir un nom parfaitement ennuyeux. Plus c’est ennuyeux, mieux c’est. Automatic Data Processing est un bon début. Mais ce n’est pas tout à fait aussi ennuyeux que Bob Evans Farm. Qu’est-ce qui pourrait être aussi terne qu’une action du nom de Bob Evans Farm ? Cela vous endort rien que d’y penser, voila pourquoi ce fut une excellente perspective. Mais même Bob Evans Farms n’aurait pas eu le premier prix du nom le plus ennuyeux, ni Shoney’s ou Crown, Cork and Seal. Ils n’avaient aucune chance contre Pep Boys-Manny, Moe & Jack. Pep Boys-Manny, Moe and Jack est le nom le plus prometteur que j’ai jamais entendu. Mieux qu’ennuyeux, il est ridicule. Qui voudrait investir dans une société dont le nom ressemble à celui des Trois Petits Cochons ? Quel est l’analyste de Wall Street ou le gérant censé qui oserait recommander une action qui s’appelle Pep Boys – Manny, Moe and Jack – sauf bien sûr si tout le monde a déjà réalisé quelle bonne affaire c’était, mais son cours aurait déjà été multiplié par dix. Insinuer dans un cocktail que vous êtes actionnaire de Pep Boys Manny, Moe and Jack, n’attirera pas une foule autour de vous, mais murmurez ‘GeneSplice International’ et tout le monde vous écoutera. Pendant ce temps, GeneSplice bouge à peine si ce n’est pour baisser, alors que Pep Boys – Manny, Moe and Jack monte sans arrêt. »

2. Son activité est ennuyeuse. « Je suis d’autant plus excité si la société au nom banal a également une activité banale. Crown, Cork and Seal fabrique des boîtes de conserve et des capsules de bouteilles. Qu’est-ce qui pourrait bien être plus ennuyeux ? Vous ne tomberez jamais sur une interview du Président de Crown, Cork and Seal dans le Time, à côté d’un interview de Lee lacocca ; tant mieux. L’évolution des actions de Crown, Cork and Seal, elle, n’a rien de banal. » « Une société qui a une activité ennuyeuse est aussi intéressante qu’une société qui a un nom ennuyeux, mais les deux à la fois, c’est merveilleux. Les deux à la fois éloigneront les ‘oxymorons’ jusqu’à ce que les bonnes nouvelles les incitent à acheter le titre, ce qui poussera davantage son cours à la hausse. Si une société avec de gros bénéfices et un solide bilan a aussi une activité banale, vous aurez beaucoup de temps pour acheter le titre avant qu’il ne monte. Puis quand il sera très demandé et surestimé, vous le vendrez aux moutons de Panurge. »

3. Son activité est désagréable. « Mieux que seulement ennuyeuse, il y a l’action ennuyeuse et dégoûtante à la fois. L’idéal est quelque chose qui fait hausser les épaules, donne des hauts de coeur, ou pousse à se détourner de dégoût. Prenez Safety-Kleen.[…] Safety-Kleen fournit aux stations service une machine qui dégraisse les moteurs des voitures. […] Régulièrement, les employés de Safety Kleen viennent nettoyer la machine et récupérer la graisse qui est recyclée dans une raffinerie. Vous ne verrez jamais un feuilleton télévisé sur le sujet. » « Et Envirodyne ? [… C’est] le numéro deux des couverts en plastique, et numéro trois de la paille [pour boire], et étant un des moins chers, il a une grande supériorité dans son secteur. […] J’achetai le titre à 3 dollars en septembre 1985, et le vendis à son plus haut de 36 7/8 dollars en 1988. »

4. C’est une filiale émancipée [traduction de spin-off]. « Le fruit de la séparation d’une division ou d’une partie d’une société qui prend son indépendance donne souvent des investissements extraordinairement lucratifs. […] Les sociétés-mères ne veulent pas laisser partir leurs filiales et les voir s’attirer des ennuis, car cela risquerait de faire rejaillir sur elles une publicité embarrassante. C’est pourquoi les filiales émancipées ont généralement de solides bilans et sont bien préparées pour affronter avec succès leur nouvelle indépendance. Une fois celle-ci bien confirmée, le nouveau management a les mains libres pour faire les choses à sa façon, réduire les coûts, et prendre des mesures créatives pour améliorer les bénéfices à court et à plus long terme. […] Ces sociétés émancipées sont souvent mal comprises et Wall Street leur prête peu d’attention. Il arrive fréquemment que les investisseurs reçoivent des actions de ces toutes jeunes sociétés comme bonus ou dividendes s’ils sont actionnaires de la maison-mère. Et les institutionnels ont tendance à les utiliser comme de la petite monnaie ou de l’argent de poche. Autant de bonnes augures. […] Après un mois ou deux d’existence, vérifiez qu’il n’y a pas au sein de la direction une ou deux personnes qui achètent à tour de bras. Cela vous confirmera qu’eux aussi ont confiance en l’avenir de la société. » On ne pouvait mieux l’expliquer.

5. Les institutionnels n’en ont pas et les analystes ne la suivent pas. Facile à comprendre, vous aurez ainsi plus de chances de trouver des décotes : « Si vous trouvez une valeur qui ne figure pas, ou si peu, dans le portefeuille des ‘zinzins’, vous avez découvert une gagnante potentielle. […] Si dans une entreprise on m’explique qu’aucun analyste n’est venu depuis trois ans, j’ai du mal à réfréner mon enthousiasme. J’aime tout autant les valeurs, autrefois très en vogue, mais que les professionnels laissent tomber, comme Chrysler et Exxon, toutes deux abandonnées quand elles atteignirent leur plancher, juste avant leur reprise. »

6. Les rumeurs abondent : attention aux déchets toxiques et/ou à la mafia. « Je ne pense pas qu’il existe un secteur plus parfait que celui des déchets. Hormis les déchets animaux, la graisse et le cambouis, rien ne dérange plus les gens que la vidange et les décharges de produits toxiques. Aussi étais-je tout excité le jour où des directeurs de sociétés de traitements de déchets solides firent irruption dans mon bureau. […] Au lieu des chemises bleu ciel, cravates habituelles, ils portaient des polos avec ‘Déchets solides’ imprimés dessus. On aurait dit qu’ils allaient jouer au bowling. Voilà le genre de directeurs dont on rêve. »

« Si vous avez la chance d’avoir des actions Waste Management Inc., vous devez déjà savoir qu’elles ont vu leur cours multiplié par 100. Waste Management possède ces deux atouts impensables : le déchet toxique mais aussi la Mafia. Ceux qui fantasment en pensant que la Mafia tient tous les restaurants italiens, les kiosques à journaux, les blanchisseries, les chantiers, et la presse des olives pensaient aussi qu’elle contrôle le secteur des poubelles. Cette insinuation favorisa nettement les premiers actionnaires de Waste Management qui, à l’époque, était naturellement sous évalué par rapport à son prix actuel. »

7. Elle a quelque chose de déprimant. « Ma préférée dans cette catégorie est sans aucun doute Service Corporation International (SCI) qui a aussi le mérite d’avoir un nom ennuyeux. Si il y a bien une chose sur laquelle Wall Street ferme les yeux en dehors des déchets toxiques, c’est la mortalité. Et SCI s’occupe des enterrements. […] L’intérêt de SCI, c’est que la plupart des professionnels l’évitèrent pendant des années. Malgré d’incroyables performances, la direction de SCI dut faire des pieds et des mains pour qu’on écoute son histoire. Les amateurs bien informés pouvaient, eux, acheter les titres d’un gagnant confirmé, avec une croissance record de bénéfices et à un cours bien inférieur à celui d’une action en vue dans un secteur à la mode. C’était l’opportunité parfaite. […] Il fallut attendre 1986 pour voir les institutionnels s’y intéresser vraiment (ils possèdent maintenant 50 % du capital) et les analystes commencent à couvrir la valeur. Le titre devint comme prévu un 20-bagger avant que Wall Street ne lui accorde toute son attention. »

8. C’est un secteur sans croissance. J’adore ce chapitre car il démolit un des plus gros a priori boursier : non les bonnes affaires ne se font pas forcément dans les secteurs en croissance. Je vous le livre en entier ! « Les gens préfèrent investir dans un secteur en forte croissance, là où il y a du bruit et du mouvement. Pas moi. Si je ne trouve pas de secteur à croissance zéro comme celui des pompes funèbres, je me rabats sur un secteur à faible croissance comme les couverts en plastique. On n’aura aucune sensation forte dans un secteur à forte croissance et à forte sensation, sauf à voir baisser les actions. Les moquettes dans les années cinquante, les électroniques dans les années soixante, puis les ordinateurs dans les années quatre-vingt furent tous des secteurs à forte croissance dans lesquels bon nombre de petites et grandes sociétés ne purent réussir à prospérer très longtemps. Tout simplement parce que pour chaque produit qui est dans un secteur à la mode, il y a une centaine de diplômés du MIT qui cherchent à produire le même à moindre coût à Taiwan. Aussitôt qu’une société informatique conçoit le meilleur traitement de texte au monde, dix concurrents dépensent 100 millions de dollars pour en fabriquer un plus performant qui sera sur le marché huit mois plus tard. Cela n’arrive jamais avec les capsules de bouteilles, les services de bons de réduction, le dégraissage, ou les chaînes de motel. SCI fut largement aidé par le fait que la croissance est infime dans le secteur des pompes funèbres. Elles se traîne aux alentours de 1 % par an, trop peu pour les pourchasseurs d’actions qui se sont tournés vers les ordinateurs. C’est pourtant une activité régulière avec la clientèle la plus fiable que vous rencontrerez jamais. Dans un secteur sans croissance, surtout s’il est sans intérêt et dérangeant, vous n’avez pas de problème de concurrence. Pas besoin de se protéger de tous côtés de rivaux potentiels car personne ne s’y intéresse. Vous avez le champ libre pour continuer à vous développer et à gagner des parts de marché comme l’a fait SCI. SCI possède déjà 5 % des maisons funéraires des Etats-Unis, et rien ne l’empêche d’en avoir 10 ou 15 %. La prochaine promotion du collège de Wharton n’ira pas défier SCI, et vous n’irez jamais raconter à vos amis qui travaillent dans les banques d’affaires que vous allez vous spécialiser dans le dégraissage des stations services. »

9. Il y a peu ou pas de concurrents. « Je préférerais de beaucoup posséder une carrière de cailloux que la Twentieth Century Fox, car une compagnie cinématographique rivalise avec ses consoeurs alors que la carrière de cailloux se situe dans un créneau. Twentieth Century Fox l’a bien compris; il a racheté Pebble Beach et la carrière en même temps.

Posséder une carrière est certainement plus sûr que de posséder une bijouterie. Si vous êtes joaillier, vous rivaliserez avec les autres joailliers de la ville, de l’état, et même de l’étranger, car les vacanciers peuvent toujours acheter des bijoux à l’étranger et les rapporter chez eux. Mais si vous avez la seule carrière de Brooklyn, vous avez un quasi monopole, sans compter que l’impopularité des carrières vous protège. […]

Ce qui donne toute sa valeur à une carrière, c’est l’absence de concurrence. Le rival le plus proche, deux villes plus loin, ne va pas traîner sa marchandise sur votre territoire car le prix du transport grignoterait tout son bénéfice. Peu importe que les cailloux de Chicago soient les meilleurs, aucun propriétaire d’une carrière à Chicago ne viendra vous envahir à Brooklyn ou à Détroit. A cause du poids des cailloux, les carrières sont des concessions exclusives. Pas besoin d’une douzaine d’avocats pour les protéger. »

10. Les gens doivent continuer à l’acheter. « Je préfère investir dans une société qui fabrique des médicaments, des boissons gazeuses, des lames de rasoir ou des cigarettes que dans un fabricant de jouets. Dans l’industrie du jouet, on peut sortir une poupée extraordinaire que tous les enfants doivent avoir, mais chaque enfant n’en aura qu’une. […] Pourquoi prendre un risque dans des achats volages alors qu’il y a tant de sources plus régulières ? « 

11. Elle utilise la technologie. « Plutôt que d’investir dans des fabricants d’ordinateurs qui luttent pour survivre à une interminable guerre des prix, pourquoi ne pas choisir une société qui bénéficie de cette guerre des prix, comme Automatic Data Processing ? » [qui traite neuf millions de feuilles de salaire hebdomadaires pour 180 000 PME. Ce fut l’une des aubaines du siècle.]  « Les prix des ordinateurs baissent, et Automatic Data Processing peut faire son travail à moindre coût et donc augmenter ses bénéfices. »

12. Cadres et dirigeants achètent. « Le meilleur signe avant-coureur de succès d’une action est de voir le personnel investir lui-même dans sa société. […] Si les cadres achètent à tour de bras, vous pouvez être certain que la société ne fera pas faillite dans les six mois. Je suis prêt à parier qu’il n’existe pas trois cas dans toute l’Histoire. A long terme, il y a un autre avantage. Si la direction possède une partie du capital, sa priorité sera la rémunération des actionnaires. […] Les ventes ne sont pas significatives, et il serait stupide d’y réagir. […] Elles peuvent s’expliquer de maintes façons. Le cadre qui vend, a peut-être besoin d’argent pour payer les frais de collège de ses enfants pour acheter une nouvelle maison ou rembourser une dette. […] Mais il n’existe qu’une seule raison qui les pousse à acheter : ils pensent que le cours est sous-estimé et qu’il va monter. » Limpide !

13. La société rachète ses propres actions. « Si elle a confiance en son propre avenir, pourquoi [la société] n’investirait-elle pas en elle-même, comme n’importe quel actionnaire. […] Si une société rachète la moitié de ses actions, et que son bénéfice consolidé reste le même, le bénéfice par action double. Peu d’entreprises auront le même résultat en réduisant leurs coûts ou en vendant quelques gadgets supplémentaires. Exxon a racheté ses actions car cela revient moins cher que de creuser pour chercher du pétrole. Cette dernière solution lui coûterait environ 6 dollars par baril, or chaque action représentant l’équivalent de 3 dollars en actifs pétroliers, racheter une action équivaut donc à trouver 3 dollars sur le parquet de la Bourse de New York. […] Les alternatives traditionnelles au rachat d’actions sont (1) une augmentation du dividende, (2) le développement de nouveaux produits, (3) le démarrage de nouvelles exploitations et (4) des acquisitions. Gillette a essayé les quatre, et surtout les trois dernières. Le rasoir est une activité hautement profitable mais sa taille s’est progressivement réduite au fur et à mesure des nouvelles acquisitions beaucoup moins rentables. Si le groupe avait régulièrement racheté ses actions et augmenté le dividende plutôt que d’éparpiller son capital dans les cosmétiques, les articles de toilette, les stylos, les briquets, les bigoudis, les mixers, les articles de bureau, les brosses à dents, les produits capillaires, les montres digitales, et autres diversifications, le titre vaudrait aujourd’hui 100 dollars au lieu de 35. » J’ai déjà déjà détaillé sur ce blog l’aspect relutif du rachat d’action si celui-ci s’effectue à un prix inférieur à la valeur de l’action.

La plus extraordinaire de toutes les actions. Partie dans laquelle Lynch présente ce qui serait l’action de ses rêves. Je vous la laisserai découvrir.

A bientôt pour l’article 3 de la saga Lynch.

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4 Responses to Peter Lynch, et si vous en saviez assez pour gagner en bourse – partie 2

  1. WebRiche

    Bonjour,

    Merci pour le résumé, j’aime beaucoup ce livre de Peter Lynch.
    Si les 4 critères suivants sont réunis, c’est généralement bon signe:
    « -C’est une filiale émancipée
    -Les institutionnels n’en ont pas et les analystes ne la suivent pas.
    -Cadres et dirigeants achètent.
    -La société rachète ses propres actions. »

    A bientôt

    • Jerome Leivrek Post author

      Tout à fait. Personnellement j’aime bien aussi « son activité est ennuyeuse ». Une de mes préférées fabrique des produits pour sanitaires ; je n’ai malheureusement pas pu en acheter. 😉

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