Entre sa fondation, en 2003, et 2012, le fonds Moneta Micro Entreprises, investi dans les small et micro-cap françaises, a réalisé une performance extraordinaire de 16 % par an en moyenne. En 2009, Romain Burnand, son gestionnaire, a même eu le courage de fermer son fonds aux nouveaux investisseurs pour ne pas que son encours devienne trop important et soit un frein à sa performance. Aussi, la présence de Romain Burnand parmi les sept gestionnaires de ce livre paru en 2006 m’a semblé être un indice de qualité et j’ai acheté l’ouvrage.
Chacun des sept gestionnaires de fonds dispose d’un chapitre pour raconter son parcours personnel, sa méthode de sélection de valeurs et de gestion de portefeuille, des exemples (bons ou mauvais) de valeurs et aussi donner des conseils, y compris aux investisseurs particuliers.
Les gestionnaires choisis sont loin de l’image (de trader) qu’a le grand public. Point d’analyse technique ici et nous avons essentiellement affaire a du « bottom-up ». Les gestionnaires choisissent leurs actions après analyse des fondamentaux financiers de l’entreprise mais aussi en rencontrant le management. Bref il s’agit plus ici d’investissement que de spéculation, ce qui est devenu assez rare au rayon « Bourse » des librairies. Les gestionnaires ont néanmoins chacun leur style propre : « value », croissance, GARP, « stock-picking », ou spécialisé dans les « techno ».
Christian Cambier résume par exemple sa philosophie par une « gestion à l’ancienne ». Il croit notamment que la patience est une vertu fondamentale en bourse et cite l’exemple de son investissement dans la Société des Bains de Mer de Monaco (SBM) : « acheté à 110 euros, la valeur SBM a stagné pendant 19 ans. Je ne la regardais même plus. Et puis un jour elle s’est réveillée. Elle a sextuplé en un an. La morale de l’histoire : s’il y a de la valeur dans un titre, il faut tenir, le conserver, y croire tout simplement ». Roger Polani considère lui que l’époque des valeurs de bon pères de famille est « définitivement révolue » et préconise la « réactivité ». Par exemple de « participer aux introductions en bourse, aux privatisations ».
Bref, je ne serai pas d’accord avec tous les conseils et admets que tous les chapitres ne m’ont pas également intéressé, mais je peux conseiller ce livre d’introduction au monde de la bourse ; il permettra au débutant de comprendre que l’achat d’actions est autre chose d’un pari hasardeux.
Et pour nous donner à penser, concluons cette analyse par une phrase de Jean-Sebastien Beslay : « Les stratégies gagnantes sont celles que la majorité des gens répugnent à mettre en oeuvre. »
Ouvrage collectif. Coordination Emmanuelle Prot, avec : Jean-Sebastien Beslay, Romain Burnand, Christian Cambier, Victoire Trogoff, Benoit Flamand, Roger Polani, Marc Renaud.
Prix public 18 euros.
Disponible uniquement d’occasion.
JL – décembre 2012.
